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La statue sacrée

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La statue sacrée

On la voyait bouger, à moitié engloutie par la boue des côtes, mais elle bougeait. De la surface, je ne pouvais que voir peu… la houle des mers m’empêchant de pouvoir sonder les profondeurs autant que je ne l’aurais voulu. Il n’y avait pourtant pas de vent, pas de pluie, rien de particulier pour suggérer une telle force des vagues, rien de rien! Peut-être était-ce mon esprit encore trop dérangé par la disparition de Samael qui brouillait ma vision? J’avais cet indescriptible besoin de le voir, de le toucher, de le sentir près, pourtant je le haïssait autant qu’il était inhumainement possible de l’être.

J’avais encore du mal à croire que Miluda avait osé jeter son corps à la mer… Elle peut bien être une elfe noire grincheuse autant qu’elle le voudra, reste que cela ne peut -aucunement- justifier cet acte. Du moins, je pouvais tirer une certaine satisfaction à la regarder s’acharner à tirer et tirer sur le filet de pêche. Ne me sentant pas particulièrement fautive des erreurs de Miluda, je la laissait faire, après tout je n’allais pas me rapper les mains sur un vulgaire outil de marin. Toute cette énergie dépensée pour faire disparaître le visage d’un homme qui nous avait déjà quitté, honteux…

Après une bonne heure à souffrir des marrées violentes des côtes de mon île, j’entendis un peu d’espoir. Il y avait un moment, déjà, que j’avais perdu mon regard dans les méandres boueux qui tourbillonnaient sous la coque, et que mon teint était gracieusement passé de rouge à vert.

– Scarlet! Je crois que je l’ai!

Sans plus attendre, je me relevais debout, pieds nus, glissant maladroitement sur les planches trempées du bateau. Faudrait-il me briser les deux chevilles pour me rendre à lui, mais je m’y rendrais! Du moins… je crois.

– Tire plus fort Miluda! Qu’est-ce que tu attends! C’est de ta faute et tu me le -dois-!

J’avoue avoir été incapable de garder n’importe lequel de mes masques, devant elle. Ce n’était pas de la simple frustration, mais à moi-même je n’osais même pas l’avouer. C’était bien plus… un mélange de tout et de rien à la fois. De l’affection à la haine. Du détachement à la passion. Je savais ce qu’il pouvait être, et je savais ce que je voulais qu’il devienne. En tous les cas, mes désirs étaient bien loin de la réalité. L’homme que j’avais connu n’existait plus depuis belle lurette, et Samael n’avait été rien de mieux que de la déception à qui il avait poussé deux jambes (ou trois) et une grande gueule.

C’est avec un bruit sourd qu’il glissa lourdement en même temps qu’un flot d’algues mortes, de vieux poissons et de restes de je-ne-sais-trop-quoi-d’autre. L’important, c’est qu’il était là… enfin, ce qu’il restait de lui. J’ai facilement pu reconnaître sa toge blanche immaculée, nettement moins propre qu’elle le fut, il y a un temps. Elle avait déjà jaunie sous l’eau salée de la mer, et plusieurs petit mollusques en avaient déjà fait leur demeure. Le corps de Samael s’était complètement transformé en pierre, comme il l’avait prévu, de la pierre aussi noire que les ténèbres, mais aussi lisse que si elle avait été polie par les éléments pendant des années… -Ma- statue. C’était tout ce qu’il me restait de lui, au final. Après toutes ces batailles, il ne me restait qu’un objet sans vie et presque sans aucun intérêt autre que décoratif.

– Sois maudit. Je savais que tu n’avais pas la motivation de réussir… mais je garderais la statue en mémoire de toi.

(OOC; I felt like it.)


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